Bonjour à toutes et à tous,
C’est avec peine que j’apprends le décès de Michel Maigrot de deux ans mon ainé rencontré en 1967 à la maison des jeunes d’Enghien-les-bains non loin de St-Leu-la-Forêt où sa mère et sa tante l’élevaient avec tendresse, 28 avenue de la gare, je m’y rendais régulièrement, celles-ci gérait une école privée de secrétariat et animait une association locale : Le Caméra Club de St Leu réalisant des films muets 8 mm où Michel, enfant, était impliqué en tant que jeune acteur. J’appris que son père vivait en Afrique. Lorsque j’ai pris contact avec lui à Enghien, il s’occupait d’aéromodélisme et son surnom était « Carlos », je n’ai jamais su pourquoi ! Nous allions régulièrement aux champs de courses d’Enghien à Soisy-sous-Montmorency faire voler nos maquettes de balsa en vol circulaire. Cela ne lui convenait pas et il a rapidement bricolé une télécommande, réalisation personnelle des plus rares à l’époque. Mieux encore, il avait fabriqué un engin sur skis qu’il faisait évoluer sur le lac d’Enghien à la période hivernale, l’engin s’appelait selon ses vœux « Gidora ». Il était effectivement très habile de ses mains. Puis il s’était lancé dans la conception et fabrication d’une voiture qu’il comptait bien faire homologuer ! Le châssis réalisé et monté sur trois roues de scooter, il prit conscience des difficultés administratives et renonça. Entretemps, il nous avait enseigné la confection de fusées à base d’un mélange de sucre et de potasse de soude (désherbant), il poursuivit en gonflant les moteurs de nos solex à l’aide de quelques gouttes d’alcool à 90° dans le réservoir. Fort heureusement et l’additif savamment dosé par ses soins, aucun ne nous explosa à la figure. Féru de littérature fantastique il m’avait fait découvrir l’auteur belge Jean Ray (1887-1964) et son plus célèbre ouvrage Malpertuis. A ce sujet, il était venu nous rejoindre mes parents et moi à l’été 68 aux alentours de Carnac en Bretagne. Il avait planté sa tente dans le jardin à proximité d’un dolmen (sépulture celte) et lisait avant de s’endormir des romans angoissants de Claude Seignolle (1917-2018) comme la Malvenue. Personnellement je n’aurais jamais pu faire de même. De retour à St-Leu il me fit écouter La Mort d’Orion de Gérard Manset. Ses études terminées telles que décrites par Mazouz, il entra fin des années 60 à l’EDF et se lassa vite d’avoir à couper l’électricité chez des particuliers en mal de paiement de leurs factures. Là il se fit remarquer auprès des syndicats en se rendant à son travail dans une énorme berline américaine des années cinquante qu’il avait récupérée je ne sais où et rafistolée tant bien que mal. Tout en travaillant chez Fenwick au début des années 70 et grand admirateur de Philippe Druillet né en 1944, il entreprit de concevoir des bandes dessinées mais ses planches ne convainquirent pas. Parallèlement il avait quitté Fenwick et à ma grande surprise s’était marié avec Nadine originaire du Nord de la France. Installé à Autun peu de temps après je lui rendis visite et découvrit sa passion pour la minéralogie, il venait d’acquérir à grand frais en provenance de Suisse ou en tous cas de l’étranger des machines de sciage et polissage. Nous arpentions les champs autour d’Autun à la recherche de cailloux. Parallèlement il fabriquait des modules électroniques sonores, à mon avis si Robert Moog (1934-2005) l’avait rencontré, il l’aurait certainement engagé. Nos vies se sont séparées et je renouai avec lui en 1974 ; j’arrivai à Autun, à la grande Verrière, pour assister au départ de son épouse. Elle était de bonne volonté et patiente mais Michel, sous l’emprise de ses passions, n’avait aucune prédisposition pour la vie conjugale. Je restai quelques jours constatant sa vie solitaire en compagnie d’un chien ou deux, il écrivait des articles dans une revue spécialisée. De nouveau nous perdîmes le contact et c’est au début des années 80 qu’il débarqua à mon domicile d’Enghien. Il rentrait des Etats-Unis complètement ruiné selon ses dires et s’en retourna à Autun. En 2007 je retrouvais sa trace via un site internet de graphisme, je le contactai par ce biais et nous eûmes une conversation téléphonique où il m’informa qu’il avait laissé de côté la minéralogie, il semblait très déçu par le comportement de certaines personnes. Il s’occupait via internet (bouquinique) de littérature à la façon des bouquinistes parisiens. La conversation tourna court car je ressentis chez lui une aigreur générale quant à la vie et pareillement s’agissant de mes propres activités dans le domaine de la simulation aérienne informatisée qu’il dénigra immédiatement. Ce n’était plus le Michel Maigrot que j’avais connu, ouvert et pourvu d’un énorme potentiel en diverses matières, des dons techniques qu’il a fait fructifier à sa manière en laissant malheureusement de côté l’aspect gestion financière. Ceci étant posé et d’après ce que je lis sur ce forum, il a transmis et éveillé beaucoup de personnes ce qui prouve que sa vie n’a pas été vaine.
Cimetière Nord / Rue principale 71530 Crissey, 71100 Chalon sur saône
Michel Lagneau